Penser la résilience
Penser la résilience, sous toutes ses formes et définitions, c'est penser au caractère amphibolique de phénomènes ou de situations qui déclenchent un changement (rupture) rendus à leurs points limites. En termes scientifiques, cela réfère à un état intermédiaire où un processus métabolique participe à la fois aux voies anabolique et catabolique d'un organisme ou d'un système.
Dans les sciences humaines, la notion de résilience renvoie à notre capacité de surmonter ou de composer avec des phénomènes adverses dans notre expérience du réel et à explorer les points critiques de notre rapport au monde : la vie elle-même, la nature et le mouvement même des choses. La résilience serait ainsi cette force intérieure, cet « élan vital » dirait Bergson, qui nous pousse en avant.
La vie avant tout
On a tenté, de façon générale, de comprendre et d'expliquer la notion de résilience suivant deux grands modèles philosophiques. Le premier, largement inspiré par le positivisme scientifique, et connu sous le nom de sciences cognitives, consiste à étudier un ensemble de fonctionnalités, de données et de calculs à partir de réalités construites (réification) et relatifs aux systèmes. Le second, quant à lui, se préoccupe davantage des aspects phénoménologiques ou perceptifs de la nature et de notre expérience du réel et a inspiré tout un champ d'études relevant, notamment, des théories critiques, de l'existentialisme et du courant humaniste. Ces différentes approches regroupent, à leur tour, un éventail de pensées, de recherches et de pratiques susceptibles de nous éclairer sur la complexité des systèmes vivants et les fondements mêmes de la notion de résilience.
La philosophie première est toutefois seule, à mon avis, à pouvoir transcender ce dualisme entre le matérialisme et le spirituel sur lequel se fondent les sciences cognitives et la phénoménologie, pour proposer une approche intuitive et créative - éthique, non figurative et poétique - de « vivre dans le monde ». Sa poïétique est par essence ineffable, au-delà de la raison et vivifiant l'irrationnel. Elle est toute entière dans l'action. Présence et absence. Un sentiment et le don de soi face à l'inconnu. Cent passages à la vie qui s'ouvrent au devenir de l'être.
(en développement - 28-07-2025)
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JF